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Transmission du Covid-19 dans les conservatoires de musique

Il est maintenant établi que l’un des enjeux majeurs pour limiter les risques de contamination au SARS-CoV-2 en intérieur est le renouvellement de l’air, bien que le taux de concentration en aérosols infectés nécessaire à la contamination ne soit pas encore déterminé.

Si les systèmes de ventilation mécanique permettent de quantifier le renouvellement d’air dans une pièce, l’aération par des fenêtres et des portes ne le permet pas. En effet, elle peut évoluer sensiblement dans son efficacité en fonction du vent et des différentiels de températures intérieur/extérieur.


Dans ses recommandations émises le 28 Avril 2021, le HCSP (Haut Conseil pour la Santé Publique) utilise la concentration en CO₂ comme indicateur du renouvellement d’air, et fixe une limite de 800 ppm dans les locaux accueillant du public masqué, soit le double de la teneur dans l’atmosphère. Ces recommandations sont également reprises dans le Guide d’aide à la continuité d’activité en contexte épidémique du Ministère de la Culture en date du 12 mai 2021.

Il est important de rappeler que le CO₂ n’est pas arrêté par les masques ou les instruments de musique, contrairement à une partie des gouttelettes et des aérosols. Il n’y a donc pas de lien direct entre la concentration de l’air en CO₂ et le risque de contamination à la Covid-19 par voie aéroportée. Le taux de CO₂ est par contre un bon indicateur de l’efficacité du renouvellement de l’air dans une salle.


Dans le cadre du Projet PIC-PIV (Protocoles pour les Instruments face au Coronavirus et Pratiques Instrumentales et Vocales) débuté à l’été 2020 sous l’impulsion de la Chambre Syndicale de la Facture Instrumentale (CSFI) regroupant les fabricants et vendeurs d'instruments de musique), l'Institut Européen des métiers de la musique (ITEMM) et les Forces musicales (syndicat professionnel regroupant les opéras et les orchestres permanents français),

avec une coordination technique pilotée par l'industriel Buffet-Crampon, spécialisé dans la manufacture d’instruments de musique à vent, leader sur les gammes professionnelles,

Andheo a mené des travaux pour apporter un éclairage complémentaire sur la question de la ventilation des salles de conservatoire de musique. L’objectif était de permettre une gestion plus aisée de la question du renouvellement de l’air et donc du temps d’occupation des salles.


Deux configurations de salle ont été étudiées, définies sur la base d’un sondage réalisé auprès de plus de 80 conservatoires et écoles de musique en France.

  • La première est une petite pièce représentative des salles de cours, dépourvue de ventilation mécanique. En l’absence totale d’échange d’air avec l’extérieur ou les pièces voisines, le critère fixé par le HSCP est atteint au bout d’une vingtaine de minutes en présence de 2 personnes, et seulement une dizaine de minutes si la pièce est occupée par 4 personnes. La modélisation indique une diffusion homogène du CO₂ dans la pièce, en raison des mouvements d’air générés par le dégagement de chaleur corporel. Il n’y a donc pas de recommandation particulière pour le placement du capteur dans la salle.

  • La seconde configuration correspond à une salle de pratique collective de près de 90 m², occupée par 25 musiciens et équipée d’une ventilation mécanique avec un taux de renouvellement d’air de 1 à 2 volumes par heure. La concentration de CO₂ se stabilise à un niveau de plus de 1000 ppm, donc au-delà du critère édicté par le HCSP et le Ministère de la Culture.

En se basant sur la théorie du quanta infectieux et l’équation de Wells-Riley, une probabilité de risque de contamination a pu être évaluée en fonction :

  • de la source d’émission : une personne non masquée comme le chef d’orchestre, un instrumentiste à corde masqué, ou un instrument à vent,

  • du temps d’exposition.

Il a été ainsi montré que seule l’émission par l’instrument à vent conduit à une probabilité d’infection qui s’étend en largeur et tend à se rapprocher des autres musiciens, sans toutefois y parvenir si on ne dépasse pas une durée de 60 minutes.

Ces travaux ont conduit à la rédaction, par la CSFI et les Forces Musicales, d’une note à destination des conservatoires. Le rapport d’étude rédigé par Andheo est par ailleurs diffusé dans son intégralité depuis le site de la CSFI.



Le projet PIC-PIV a reçu le soutien du Ministère de la Culture, de Paris Région, de la Fondation Bettencourt Schueller et d’Audiens.


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